10 décembre 2020
Béatrice Molle-Haran | Mediabask
“Baionatik Bilbora” du chanteur Imanol décédé, interprété en duo avec Fran Lasuen ancien d’Oskorri et un texte d’Itxaro Borda confirment la mue du chanteur.
Le 28e album, aux éditions Agorila, de Michel Etcheverry comprend 14 titres en basque, français et espagnol. Avec certes des reprises, mais aussi de nouvelles interprétations dont une poésie d’actualité d’Itxaro Borda sur le confinement, sujet philosophique et d’actualité s’il en est.
Un album donc éclectique qui a nécessité un travail musical en profondeur réalisé avec des pointures du Pays Basque Sud telles qu’Antxon Sarasua ou Joxean Martin. A noter que la chanson “Baionatik Bilbora” d’Imanol interprétée avec Fran Lasuen, ancien d’Oskorri a fait l’objet d’un clip qui sera diffusé sur le site de la Ville de Bayonne. Les prises de vue ont été réalisées par Zigor Ayarza référence en la matière, et cameraman attitré et mythique de l’Athletic de Bilbo, entre autres références.
“Baionatik Bilbora”, titre phare de cet album, donne une seconde vie à la création du chanteur aujourd’hui disparu. “Baionatik Bilbora” narre la symbolique de l’océan reliant la capitale du Labourd avec celle de Bizkaia. Concernant ce titre, Michel Etcheverry laisse entrevoir une voix dénuée d’artifices, sans fioritures, tout sur le timbre, qui naturellement prospère et atteint son apogée lorsque les textes sont chantés dans sa langue maternelle qu’est l’euskara.
Par ailleurs, le parolier Laurent Mendiboure résidant à Anglet apporte aussi sa pierre avec “Xori xuria papo horia”. On y découvre également le deuxième titre “Gure Lurra”, une adaptation d’un chant irlandais très populaire “Mo ghile mear” par l’écrivaine et poétesse Itxaro Borda. Et forcément les classiques de Michel Etcheverry tel le célèbre “Maité” de Luis Mariano ayant fait les beaux jours du ténor basque, lui permettant de déployer toute sa palette vocale. “Viento del Norte” est un hymne à la Cantabrie, populaire sous les latitudes de Santander et Oviedo. L’album comporte un hommage au cardinal Roger Etchegaray natif d’Espelette, décédé en septembre 2019 : “Jaun kardinale” est composé de bertsu et symbolise l’expression de l’amitié reliant le chanteur et le religieux. Impossible de faire l’impasse sur la quinzième chanson, celle du rugby interprétée avec la chorale Adiskideak d’Anglet où le chanteur fit ses débuts vocaux.
Pour Michel Etcheverry, cet album est un retour aux sources, engagé déjà depuis plusieurs années, un tournant ne l’empêchant pas d’aborder les thèmes chers à son public. Les signatures ayant participé à cet album sont des références en matière de culture basque. Nous nous sommes entretenus avec l’un d’eux qui nous a confié être étonné de la longévité de la carrière professionnelle de Michel Etcheverry et de la “qualité émotionnelle et vocale” qu’avait gagné celui qui se dénomme chanteur populaire. Fier de l’être et fidèle à son public.